12 – Essaim Naturel

Une colonie ayant passé toute une année dans une ruche ou dans un arbre creux atteint son apogée à un certain moment de la belle saison (d'Avril à Juillet) qu'on appelle aussi la saison d'essaimage. L'essaimage annuel est la manière naturelle des abeilles pour proliférer. Une colonie peut en « jeter » un (essaim primaire, moitié de la colonie avec sa « vieille » reine ; qui peut avoir un an ou deux, trois... voire cinq !) un deuxième (essaim secondaire, plus petit bien sûr, avec une ou plusieurs reines vierges nouvellement nées) un troisième... un quatrième... Ces nombreux essaims ne sont pas la règle mais c'est très courant. La « souche » est ensuite bien appauvrie et parfois rendue orpheline car le dernier essaim est parti avec la dernière reine... qui n'est pas revenue comme il se devrait.

Ce préambule pour indiquer que lorsque l'on trouve un essaim pendu à une branche et ne sachant d'où il vient, ne l'ayant pas vu sortir d'une de ses ruches, on ne peut connaître l'âge et la qualité de la reine. Pour un commençant c'est toujours une belle aubaine et pour un expérimenté toujours l' attrait ludique à le recueillir. Dans un premier temps il faut « l'arrêter », le capturer, dans un récipient quelconque car un essaim peut repartir comme il est venu dans l'heure ou le quart d'heure qui suit... Et adieu ! Un carton, un gros seau, une caisse à vin peut faire l'affaire... Un panier à abeilles encore mieux bien sûr et à la rigueur la ruche définitive ; munie de tous ses cadres entièrement gaufrés. Une fois avoir secoué, d'un coup sec, la grappe dans le récipient on retourne ce dernier sur une toile de sac jute (car l'air passe au travers) placée à terre sous l'endroit de sa capture (à peu près, c'est suivant le sol, le plus plat et ras possible) et en intercalant une ou deux cales (de 4 ou 5 cm d'épais) sur un côté (entre toile et récipient) afin de laisser le passage aux abeilles qui vont se regrouper à l'intérieur si la reine a été prise dans le lot. En 15/20mn tout le monde se calme et l'on peut alors, sans attendre la dernière abeille, ficeler la toile de sac à la base en tendant la toile et porter l'essaim dans une cave fraiche et obscure (avec toujours des cales, cette fois entre sol et sac, pour l'aération). 24h de confinement suffisent à ce que la colonie se calme ; qu'elle perde ce qu'on appelle la « fièvre d'essaimage ». Comme il arrive souvent que plusieurs reines vierges soient présentes elles font « leurs affaires » dans la nuit ce qui calmera tout le monde sinon c'est une cause de fuite si l'on met en ruche trop tôt. Le lendemain nous trouvons une ou plusieurs reines vierges tuées ou entre-tuées dans la nuit sur le sac ou grillage assurant l'aération. La mise en ruche définitive se fera le lendemain juste à la tombée du jour ; pas trop tard. (Disons : juste quand le soleil disparaît à l'horizon) La mise en ruche classique se fait par le devant de la ruche, en secouant la grappe sur un plan incliné qui relie le sol à l'entrée, posé bord à bord, et ne comportant aucun obstacle comme une latte en travers par exemple. En effet dès qu'elles rencontrent une aspérité ou un pli de tissu les abeilles se groupent et l'ascension est bien retardée. Un peu de fumée dirigée « au cul » du peloton de queue accélère le mouvement... En tapotant avec un tournevis sur la plaque on transmet des vibrations qui décident encore une autre accélération de la montée. C'est un spectacle dont on ne se lasse pas. Si le mauvais temps se manifestait on peut conserver un essaim 5/6 jours à la cave mais c'est du temps perdu et les mâtines commencent à bâtir des constructions qui ne serviront à rien sinon à épuiser leurs « provisions de route ».

Un nourrisseur avec 1L ou 2 de sirop 50/50 pourra être donné après la mise en ruche car bien qu'un essaim se munisse de vivres pour la route ils sont peut-être épuisés. On ne sait pas depuis combien de temps il est sorti de son logis ; ce peut être depuis plusieurs jours car s'il ne trouve pas de refuge il part à sa quête et peut parcourir des kilomètres par bonds successifs et être affamé. Cette faim ne le rend pas d'humeur agréable ce qui n'est pas le cas autrement et en principe. (Un vieil adage : « un essaim ne pique pas ») à prendre avec circonspection ! De plus ce sirop l'engage à commencer à construire ses rayons, dans la nuit, ce qui diminue le risque d'un éventuel abandon de la ruche. La désertion est toujours possible même 2/3 jours après et si l'on possède d'autres ruches il est bien de donner, avant la mise en ruche définitive, un cadre avec du couvain frais (oeufs et larves, sans abeilles) cela le fixera d'avantage et si toutefois lors de la capture la reine n'avait pas été prise ou blessée ou perdue, les abeilles pourront en élever aussitôt une autre sur ce couvain. Un petit rappel : une ruche doit toujours être équipée de tous ses cadres sinon les abeilles se logent systématiquement dans tout espace vide pour construire des rayons dits « sauvages » avec les ennuis que cela comporte par la suite pour l'apiculteur. Parfois aussi on trouve plusieurs grappes autour de l'endroit où vous le recueillez ; l'essaim possède plusieurs reines dont des vierges qui sont un peu « fofolles » ; le mieux est de réunir tout le monde plus tôt que de les conserver séparés. Dans la nuit, à la cave, les reines s'arrangeront entre-elles et il n'en restera qu'une. Il faut savoir aussi qu'il existe des essaims dits « de misère » Cela se rencontre dès la sortie de l'hiver ou lors d'un Printemps « pourri » ou encore en Juillet (mois de disette... en général) ; n'ayant plus de provisions les abeilles tentent le tout pour le tout et émigrent, abandonnant leur ruche ; en général ils sont chétifs mais avec des soins ils peuvent devenir de bonnes colonies.

Une fois votre essaim enruché et suivant sa taille et les conditions météo il n'est jamais superflu d'aider cette nouvelle colonie à bâtir ses rayons par un nourrissement au sirop 50/50 à raison de 2L par semaine pendant un mois soit 10 kg de sucre. Se méfier du sirop au miel qui fermentant facilement est rapidement délaissé s'il n'est pris aussitôt et qui attire les pillardes.Dans tous les cas il faut réduire l'entrée à 4/5 abeilles pour éviter un carnage (le pillage).

Dicton : un essaim de mai vaut vache à lait ; de Juin : une botte de foin ;!

« Essaim de Mai vaut vache à lait ; essaim de Juin botte de foin »

Comment interpréter ce dicton ? En Mai il s'agit probablement d'un essaim primaire, avec une reine déjà âgée accompagnée d'une grosse population (le standard : 3 Kg soit 30000 abeilles ; cela peut aller jusqu'à 10 kg car il arrive que plusieurs essaims se regroupent en un seul. Le volume d'un ballon de foot correspond à 15000 abeilles env.) Donc un essaim primaire, suivant sa taille et la floraison-chaleur-humidité, est capable de bâtir ses 10 cadres (Dadant) dans la semaine et de poursuivre avec deux hausses de miel. C'est donc le plus rentable dans l'immédiat mais il faudra songer à remplacer sa reine qui ayant donné une grande partie de son potentiel de ponte ne pourra peut-être pas assumer le réveil du Printemps suivant. Un mois après sa prise l'essaim aura perdu la moitié de sa population décimée par le travail ; il faut attendre que le couvain vienne à terme pour que la colonie retrouve, peu à peu, une population normale. En Juin une bonne partie des floraisons est passée et des essaims plus petits vont se faire prendre. En les aidants de diverses manières (nourrissement, apport de couvain operculé, réunions) ce sont des essaims qui possédant une jeune reine seront les meilleures ruches l'année suivante.

En effet selon un autre axiome, certainement le plus juste : « tant vaut la reine, tant vaut la ruche ! ».

 
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